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Category Archives for "Pédagogie musicale"

Si vous êtes professeur de musique ou musicien-intervenant, utilisez les nouvelles technologies pour animer vos classes et vos ateliers

Animoog, le synthé pour iPad

animoog logo

Animoog est un magnifique synthé professionnel spécialement conçu pour l’iPad par Moog Music.
(R)éveillez votre invention musicale avec cet appli hors du commun, que vous soyez un parfait débutant ou un musicien électronique aguerri.

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animoog  le synthé pour iPad

Depuis plusieurs années, j’ai testé Animoog en situation pédagogique dans mes ateliers de musique sur iPad. C’est une porte ouverte sur l’invention musicale quelque soit l’âge et le niveau. Tactile, intuitif, facilitateur pour la tonalité et en prise directe avec l’imaginaire pour improviser, composer et jouer en live.

C’est aussi un vrai Moog, un synthé très pro qui comblera tous les musiciens et ce pour le prix dérisoire de 30 euros environ. Disponible uniquement sur iOs donc sur iPad et accessoirement sur iPhone (mais l’écran est trop petit pour que l’instrument soit aussi maniable que sur un ipad).

Un instrument très performant


▪ le son Moog est légendaire. Il a été implémenté ici dans une bibliothèque de presets organisés comme il se doit en catégories.
▪ les musiciens électroniques pourront bien évidemment aussi fabriquer leurs propres sons en partant de zéro comme sur tout synthé analogique.

mais aussi très innovant :


▪ La surface tactile y est particulièrement bien exploitée avec un clavier qui permet non seulement un jeu de clavier classique (notes piquées, accords, clusters), mais aussi des glissandi tout à fait inédits, et très expressifs dans les deux dimensions : horizontale et aussi verticale.
▪ un clavier totalement modulable : on peut le réorganiser, l’accorder en supprimant les touches qui ne sont pas dans la gamme, le mode que l’on veut jouer. Cette facilité tonale apporte beaucoup de possibilités expressives inattendues, même aux claviéristes aguerris.

Cliquez sur les tags ci-dessous pour découvrir quelques unes de ses principales fonctionnalités :

Musique électronique et éveil musical

Lorsque j’ai fait l’acquisition d’ Animoog, cette appli superbe, j’ai commencé par l’utiliser moi-même et j’ai été bluffé par ce nouvel instrument électronique. Je n’avais jamais ressenti un tel toucher, une telle proximité avec les sons. Pour moi qui suis un improvisateur multi-instrumentiste et un compositeur électronique, j’y ai trouvé une dimension tactile étonnante, une facilité de jeu exceptionnelle et chose très rare le lien parfait entre geste musical et son électronique.

Mais je n’avais pas envisagé de mettre l’instrument entre les mains de non-musiciens, d’enfants en situation d’éveil musical. Et puis un jour, je travaillais avec une classe particulièrement dissipée et perturbée par quelques éléments frondeurs (nous connaissons tous ce genre de groupe…). C’était une classe de niveau équivalent au CM1/CM2 dans une école américaine en Floride.

Pour casser cette ambiance désagréable, je cherchais une carotte afin de calmer les perturbateurs. Je n’arrivais pas à résoudre mon problème. En désespoir de cause, je mis un iPad au bout de la table avec un casque d’écoute. En début de séance, je pointai l’ipad et je désignai une élève particulièrement sage et impliquée.

Je lui ai montré simplement comment naviguer dans la bibliothèque de sons, lui proposai de choisir un son qui lui plaisait et de nous improviser ensuite une petite musique. Dix minutes après, elle nous joua sur Animoog et à la surprise générale une impro électronique stupéfiante. Elle n’avait jamais fait de musique auparavant !

(r)Eveillez  votre invention musicale avec Animoog

Depuis je renouvelle constamment cette expérience incroyable dans tous mes ateliers d’éveil musical et régulièrement ce sont de merveilleuses pépites musicales et sonores qui émergent d’Animoog sous les doigts des enfants. Mon analyse de ce phénomène musical me porte à croire que cet instrument a le pouvoir exceptionnel de connecter directement, sans le filtre de l’apprentissage, l’imaginaire sonore des enfants ou des non-musiciens avec un geste tactile et intuitif.


Dans cette vidéo, vous avez vu la captation de deux de ces moments musicaux exceptionnels pris sur le vif lors de mes ateliers ouverts dans le quartier défavorisé de la Meinau à Strasbourg. Ces deux enfants ne sont pas musiciens et ils sont issus de familles éloignées de toute culture musicale. Dans les deux cas, je leur ai montré très rapidement Animoog, puis ils ont cherché le son qui leur plaisait au casque pendant quelques minutes pour ensuite jouer directement ces deux superbes improvisations.

Et voici pour terminer un podcast audio pour vous montrer la réalisation en direct et en son d’un mini-projet musical qui utilise quelques fonctions plus avancées pour vous permettre d’aller un peu plus loin avec Animoog.


Et maintenant à vous de jouer ! Si vous avez un ipad , n’hésitez pas , si vous ne l’avez pas encore fait, à acheter cet appli exceptionnelle. C’est un véritable instrument de musique, un synthé unique, appelé à devenir légendaire comme tous les Moog.

Faites un petit tour sur le site Moog Music, vous comprendrez de quoi il s’agit…

Animoog ne coûte qu’environ 30 €.
« C’est cher pour une appli ! » me direz-vous ? Certes, mais c’est une bouchée de pain pour un vrai Moog !

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Ecoute active au coeur de la pratique musicale

ecoute active

L’initiation à une écoute active est la base même du travail d’éveil musical pour les enfants mais aussi pour tous les musiciens-débutants. Différentes situations, parcours, protocoles d’écoute, permettent aux débutants d’entendre, de reconnaître et d’analyser les paramètres du son.

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Mais en fin de compte qu’est ce que l’écoute musicale ?

On peut commencer par créer une situation d’écoute très simple : écouter les sons environnants dans la pièce pendant une minute. Dans un travail de groupe, la première tentative n’est généralement pas un franc succès :

Les débutants produisent un bruit de fond en bougeant, bavardant, jouant avec des objets et les premiers commentaires se bornent à décrire l’origine des sons entendus.

Mais il ne faut pas rejeter cette première expérience d’écoute active qui a le mérite de poser les problèmes fondamentaux liés à l’écoute. Au contraire, on la valorisera car elle va nous permettre de préciser les consignes d’écoute initiales et d’introduire une autre forme d’écoute et d’analyse des sons.

Qu’est ce que le silence ?

Si les participants produisent eux même des bruits, ils ne peuvent écouter les sons qui pourraient être cachés derrière. Ce constat permet de poser par l’expérience l’importance du silence et de sa qualité.

Considérer certains bruits comme parasitant l’écoute des sons environnants amène à hiérarchiser les sons en fonction d’une intention d’écoute et à révéler déjà un des paramètres du son : l’intensité. Les sons sont plus ou moins forts et les plus forts peuvent cacher les plus faibles.

Le débutant pourra percevoir concrètement la relation entre les sons et le silence : une accumulation de sons même faibles en intensité produit un bruit de fond. Le silence qui n’est pas l’absence de sons, mais plutôt une faible présence de ce bruit de fond, crée une situation favorable à l’écoute.

Notre protocole d’écoute active devient donc plus précis : faire le silence pour écouter les sons environnants pendant une minute.

Dans cette proposition pédagogique réside l’acte fondateur de toute pratique musicale, l’intention d’écoute : nous désirons écouter des sons.

Pour combler ce désir et réaliser cette intention, il nous faut un silence de qualité qui n’existe pas en soi. Il nous faut donc le créer nous même (faire le silence).

Qu’est ce que l’écoute naturelle ?

ecoute active

Les premiers commentaires d’écoute active des débutants consistent à décrire l’origine des sons: untel a toussé, une telle a fait grincer sa chaise, une voiture a klaxonné dans la rue, un avion est passé … Rien de vraiment surprenant.

C’est la « tendance prioritaire et primitive à se servir du son pour se renseigner sur l’événement. » – Pierre Schaeffer, 1966

Cette écoute active, qualifiée également par Pierre Schaeffer de causale ou encore de banale s’exprime dans les commentaires des participants qui sont des réponses aux questions sous-jacentes : Qu’est ce que c’est ? Qui est ce ? Que se passe-t-il ?

Qu’est ce que l’écoute sémantique ou culturelle ?

ecoute active

C’est une autre forme d’écoute pratiquée au quotidien par tout le monde sans le savoir (un peu comme Monsieur Jourdain avec la prose) et tout particulièrement à l’école ou en formation : elle se détourne de l’événement sonore … pour viser à travers lui un message, une signification, des valeurs.

Elle est à l’oeuvre quotidiennement, principalement dès lors qu’intervient le langage. Au téléphone, par exemple on écoute ce que notre correspondant nous raconte.

Ces deux formes d’écoute nous sont très utiles et même nécessaires, mais elles ne répondent pas totalement à notre intention d’écoute, elles ne comblent pas vraiment notre désir d’écoute. Les écoutes causale et sémantique nous permettent seulement de situer, de reconnaître les sons entendus, de comprendre des messages: elles sont fonctionnelles.

Mais comment expliquer alors le plaisir qu’on peut ressentir à l’écoute active de certains sons même très quotidiens ? Pourquoi désirons nous écouter la musique ?

Notre intention d’écoute est dans ce cas différente : nous désirons écouter les sons pour le plaisir sensuel qu’ils nous procurent et cette intention peut nous conduire à nous poser d’autres questions : comment ce son se présente-t-il ? Est-il fort ou faible, long ou court, grave ou aïgu, lisse ou granuleux, etc …. ?

Qu’est ce que l’écoute réduite ?

Dans son Traité des Objets Musicaux, Pierre Schaeffer nomma ainsi cette autre forme d’écoute.  Elle est pour lui l’écoute musicale par excellence, celle qui vient d’une nouvelle intention d’écoute. L’écoute réduite est l’attitude d’écoute active qui consiste à écouter le son pour lui même, comme objet sonore en faisant abstraction de sa provenance réelle ou supposée, et du sens dont il est porteur…

« L’écoute réduite est ainsi nommée … parce qu’elle consiste en quelque sorte à dépouiller la perception du son de tout ce qui n’est  » pas lui  » pour ne plus écouter que celui-ci, dans sa matérialité, sa substance, ses dimensions sensibles… » – Michel Chion, 1982

Cette expérience d’écoute réduite va permettre au musicien débutant d’accéder très simplement et progressivement par l’expérience aux notions déjà très musicales de durée, enveloppe, intensité, timbre, hauteur, distance, présence dans l’espace …

ecoute active

Si on enregistre un son à l’aide d’un bon enregistreur portable et si immédiatement après on le réécoute sur deux haut-parleurs de bonne qualité, on va pouvoir affiner son analyse.

Mais on va pouvoir aussi pratiquer l’écoute réduite d’autant plus facilement qu’on se trouve placé en situation acousmatique, face à deux haut-parleurs qui nous renvoient en temps différé une image sonore des sons entendus précédemment en temps réel.

Que signifie le terme acousmatique ?

C’est un adjectif qui se dit d’un son que l’on entend sans voir les causes dont il provient. Ce terme désignait aussi en grec une secte de disciples de Pythagore, les acousmates qui suivaient, dit-on, un enseignement où le Maître leur parlait en se cachant derrière une tenture. Ceci afin d’éviter de distraire leur attention par la vision de son apparence corporelle.

ecoute active

Lorsque nous écoutons de la musique enregistrée sur des haut-parleurs ou au casque, nous sommes en situation d’écoute acousmatique.

Qu’est ce que l’écoute active ?

L’écoute active est un concept développé à partir des travaux du psychologue américain Carl Rogers. Elle est également nommée écoute bienveillante. Initialement conçue pour l’accompagnement de l’expression des émotions, elle est opérationnelle dans les situations de face-à-face où le professionnel écoute activement l’autre. Elle consiste à mettre en mots les émotions et sentiments exprimés de manière tacite ou implicite par l’interlocuteur. L’écoute active est plus fine que la reformulation en ce qu’elle ne se limite pas à dire autrement ce qu’une personne vient d’exprimer, mais de décoder la dimension affective généralement non verbalisée.

Wikipédia

Par extension, nous avons employé ce terme d’écoute active dans un autre contexte, celui de l’écoute des sons et de la musique. C’est donc une manière de l’étendre aussi au monde sonore, à tous les sons, et non plus seulement à la communication orale que Carl Rogers étudiait au départ.

On rejoindra ainsi une des idées fondamentales du compositeur américain John Cage. Il considérait, en substance, que les sons sont des êtres vivants, qu’ils sont nos amis. Nous les aimons, nous les écoutons avec bienveillance. Il en faisait en quelque sorte le fondement humaniste de la musique.

Bruno de Chénerilles – extrait d’une communication aux Journées Francophones de Recherche en Education Musicale – Ottawa, 2009

Pour aller plus loin, lisez mes deux articles sur le blog :

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